Meurtres sur la Madison by Keith McCafferty

Auteur:Keith McCafferty [McCafferty, Keith]
La langue: fra
Format: epub
Tags: policier
ISBN: 9782404008714
Éditeur: Éditions Gallmeister
Publié: 2018-06-06T22:00:00+00:00

LES convives dînèrent sans appétit, parlant un peu trop fort et riant de trop bon cœur, ayant toujours à l’esprit le pressentiment inquiétant que Gentry, que l’on avait vu tituber jusque chez lui dans le crépuscule naissant, pourrait à n’importe quel moment revenir le fusil à l’épaule sans trouver rien d’autre qu’une vitre pour séparer la salle à manger d’une balle chemisée de cuivre.

Ann et Eva Sinclair avaient été d’avis de porter plainte, mais les hommes, s’appuyant sur les principes de l’Ouest, l’avaient emporté, et aucun coup de fil ne fut passé ni aucun malaise trahi.

Cependant, Stranahan remarqua que la tablée sembla soupirer de soulagement à l’unisson lorsque Summersby tapota sa fourchette contre un verre à vin et proposa aux invités d’aller voir le tableau accroché dans le hall d’entrée.

L’œuvre fut louée comme il convient et la soirée se termina sur le porche, du côté opposé à la propriété de Gentry, les femmes en grande discussion d’un côté, les hommes assis dans des rocking-chairs aux lattes de séquoia, sirotant du brandy dans des verres courts en cristal ornés de mouches miniatures. Un voisin avait rejoint la fête sur le tard. Apple McNair était un homme au teint basané, petit mais baraqué, avec une vraie barbe et des orbites enfoncées. Il était arrivé à vélo, accompagné d’un chien heeler ayant un œil bleu et un marron. McNair était le propriétaire de la cabane en amont de la rivière, après la résidence de Sinclair. Summersby dit en aparté à Stranahan qu’il était surpris que McNair ait répondu à l’invitation pour la soirée, car l’homme était plutôt solitaire et passait autant de temps loin de chez lui qu’à son domicile. Personne ne savait très bien où il avait trouvé l’argent pour acheter une maison qui donnait sur la Madison. Ses seuls revenus connus provenaient de la réparation de vieux vélos et de la fabrication de couteaux sur mesure dans une cabane à outils de sa cour. La remise, la cabane délabrée et le Dodge Sierra Classic de McNair qui rouillait au milieu des pièces de vélos ne faisaient rien pour faire monter le cours de l’immobilier, confia Summersby, puis il ajouta avec un haussement d’épaules que la propriété de McNair n’était pas soumise aux règles qui entouraient les constructions plus récentes. C’était le Montana. Que faire ?

Stranahan était gêné par le ton qu’employait Summersby, d’homme riche à homme riche, et il se fit un devoir de parler au nouvel arrivant. Ce fut une conversation décousue, les deux hommes se faisant face au bout du porche plongé dans l’obscurité. McNair semblait aimable, mais mal à l’aise en public au point de rester pratiquement muet. Quand Stranahan lui avait demandé d’où il était, l’homme avait éteint la cigarette qu’il fumait, balancé le mégot et prononcé deux mots – du nord. Il tendit un couteau de chasse en acier de Damas tiré du fourreau de sa ceinture, attendant visiblement un commentaire. Stranahan testa la lame sur l’ongle de son pouce et siffla d’un air appréciateur, puis

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